Cybersécurité : place à la collaboration et au décloisonnement !

Chaque début d'année est l'occasion de faire un point sur l'actualité des menaces en ligne et de réfléchir aux enseignements tirés des différentes attaques observées.

Alors que ce début 2024 est déjà témoin d’attaques de grande ampleur, l’année 2023 a été également éprouvante, marquée par des événements géopolitiques complexes, l’apparition de nouvelles vulnérabilités basées sur des méthodes connues et éprouvées, ainsi que de nombreuses innovations en matière d’attaques nourries par des technologies émergentes telles que ChatGPT, l’IA, le machine learning et l’automatisation. Une chose est sûre : toutes les technologies mises au service de l’innovation par les experts sont inévitablement exploitées par des hackers. Au rythme où évolue notre environnement numérique, le risque ne cesse de croître. Les cybercriminels affinent ainsi constamment leurs techniques, développant des méthodes d’attaque de plus en plus avancées et complexes.

Notre récent rapport confirme cette tendance, avec environ 7,9 millions d’attaques par déni de service distribué (DDoS) au cours du premier semestre 2023, ce qui représente une augmentation de 31% d’une année sur l’autre. Cela équivaut à environ 44 000 attaques DDoS par jour dans le monde. Pour ce qui est des types d’attaques, on observe une croissance de près de 500% des attaques de la couche applicative HTTP/S, ainsi qu’une augmentation de 17% des attaques par réflexion/amplification DNS entre le second semestre 2022 et les six premiers mois de 2023.

Au moment où les cybercriminels deviennent plus habiles et plus performants et parviennent à mettre en œuvre des opérations redoutablement efficaces capables de déjouer les systèmes de défense traditionnels avec une facilité désarmante, les entreprises doivent impérativement se doter de systèmes de cybersécurité fiables.

La collaboration entre équipes offre de nombreux avantages

Les équipes NetOps (opérations réseau) et SecOps (opérations de sécurité) jouent un rôle clé dans la protection d’une entreprise et le bon fonctionnement de son infrastructure réseau.

Traditionnellement, ces équipes travaillent séparément, ayant des objectifs bien distincts. Les unes s’attachent à faciliter la circulation d’informations entre les appareils via les réseaux, tandis que les autres ont au contraire pour priorité de restreindre l’accès aux informations et aux appareils. Résultat : des outils qui ne sont pas toujours compatibles et l’apparition d’angles morts dans le réseau que les hackers ne manqueront pas d’exploiter.

En outre, si une menace potentielle est identifiée, ce manque de communication entre les deux équipes peut entraîner des délais de plusieurs jours (voire plusieurs semaines) dans l’identification et la résolution des problèmes. Ainsi, un ralentissement inexpliqué des opérations ou des applications peut être dû à une faille de sécurité, mais cela ne peut être établi qu’après un examen approfondi. Une meilleure collaboration permet aux entreprises d’identifier et de neutraliser ce type d’intrusion avant qu’elle ne cause de dégâts.

Aujourd’hui, alors que s’aggrave le danger posé par les cybercriminels et leurs attaques, il devient de plus en plus important que les départements NetOps et SecOps apprennent à partager leurs données et à travailler ensemble.

Une collaboration harmonieuse entre ces équipes offre de nombreux bénéfices. Les entreprises peuvent ainsi réduire rapidement leurs délais de détection et de réaction face aux attaques. Quand elles partagent et combinent leurs données de trafic réseau et de Threat Intelligence, ces équipes peuvent découvrir et analyser rapidement les failles de sécurité potentielles. Une telle approche permet aux entreprises d’adopter une position proactive dans leur lutte contre les hackers, ce qui réduit le risque de dommages importants ou de perte de données.

En outre, une telle coopération peut aussi entraîner une amélioration des performances du réseau, lesquelles constituent l’une des priorités des équipes NetOps. En partageant leurs données de sécurité avec leurs collègues SecOps, elles auront une meilleure compréhension des types de trafic susceptibles de causer des congestions du réseau, des pics de latence, des pannes ou d’autres problèmes de débit. Ces informations leur permettent d’agir immédiatement, d’optimiser les systèmes et de s’assurer que les fonctions les plus importantes bénéficient du niveau de bande passante requis.

De plus, le partage des données permet aux entreprises de générer une représentation globale de l’activité de leur réseau. Les équipes SecOps pourront alors fournir une visibilité détaillée des modèles de trafic à leurs collaborateurs NetOps. Avec une telle approche, les deux équipes sont en mesure de signaler rapidement d’éventuelles anomalies, des comportements inhabituels ou des activités suspectes. Ensemble, elles peuvent détecter des menaces avant qu’elles ne prennent une tournure catastrophique, ce qui renforce la posture de sécurité de l’entreprise.

Enfin, une collaboration et une communication efficaces entre les deux équipes simplifient les processus de supervision et de reporting en lien avec les enjeux de conformité, tout en leur donnant une vision plus claire de leurs difficultés et objectifs respectifs.

Le partage de données permet de surmonter des difficultés majeures

Le partage des informations et la coopération entre les équipes NetOps et SecOps jouent également un rôle essentiel en aidant les entreprises à surmonter un certain nombre de difficultés clés, à commencer par le cloisonnement des données. Lorsque les informations sont fractionnées, puis réparties dans différentes équipes, les entreprises courent le risque de perdre toute vision d’ensemble sur leur activité. Le partage des données élimine ce problème et garantit que toutes les parties prenantes ont accès aux informations utiles pour travailler ensemble en bonne intelligence et prendre des décisions dans de meilleures conditions.

De plus, la collaboration facilite l’identification des menaces émergentes et réduit considérablement les délais de réaction. Si l’on souhaite limiter les dommages potentiels à l’infrastructure réseau d’une entreprise, il est impératif d’agir très rapidement en cas d’incident de sécurité. L’accès aux informations en temps réel des équipes NetOps et SecOps permet de neutraliser les menaces avant qu’il ne soit trop tard.

L’écueil des analyses incomplètes peut également être évité grâce au partage de données. Lorsque les informations sont cloisonnées, les équipes NetOps et SecOps n’ont pas accès à des ensembles de données détaillées, ce qui entravera toute analyse complète du trafic réseau. Des données accessibles sont indispensables pour permettre à ces équipes de parvenir à une compréhension approfondie des activités du réseau. Elles pourront ainsi prendre des décisions plus avisées, et répondre de manière efficace et économe aux attaques imminentes.

Face à l’évolution rapide des cybermenaces, la collaboration entre les équipes NetOps et SecOps est donc impérative pour toute entreprise souhaitant se doter d’un dispositif de sécurité de haut niveau.

Le partage des données et la collaboration entre équipes permettent aux entreprises de bénéficier de délais réduits pour la détection des menaces et la mise en œuvre de mesures de neutralisation, mais aussi d’une amélioration des performances du réseau, d’une meilleure visibilité et d’une capacité de supervision accrue. Ensemble, ces éléments permettent de créer une infrastructure réseau plus sûre, plus fiable et plus efficace, pour des données sensibles protégées et une réputation préservée.

Le décloisonnement des données et l’adoption d’une approche collaborative ne relèvent pas simplement des bonnes pratiques : ce sont des initiatives indispensables pour survivre dans le contexte numérique moderne. La perception des menaces a fortement évolué au cours des 20 dernières années, faisant passer leur traitement des salles de commutation (ancêtres des data centers modernes) aux réunions des conseils d’administration. Pour protéger les données de l’entreprise et son infrastructure, il est désormais essentiel que les équipes chargées des réseaux et de la sécurité fassent cause commune.